La Vie éco : Les taux d’analphabétisme avancés semblent contradictoires, quel serait le vrai taux actuellement ?
 Quand on analyse le rythme de cette baisse au fil des années, on s’aperçoit que la moyenne de réduction du taux d’analphabétisme est passée de 1 point par an à plus de deux points à partir de 2004. A souligner que le taux d’analphabétisme est comptabilisé pour la population âgée de plus de 10 ans. Bien évidemment, c’est le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) qui donne la vraie situation de l’analphabétisme au Maroc. Le dernier date de 2004 ; il a donné un taux de 43%. En attendant le prochain RGPH qui aura lieu en 2014, la Direction de la lutte contre l’analphabétisme a réalisé une enquête nationale en 2006 qui a touché 12 000 ménages et qui a donné un taux d’analphabétisme de 38,5%. N’oublions pas aussi que le «stock» des analphabètes est constamment alimenté par la non scolarisation et l’abandon précoce de l’école. Heureusement, l’amélioration des indicateurs de la scolarisation de base intervenue ces dernières années, a permis l’atténuation de ce phénomène et a contribué à l’accélération de la baisse du taux d’analphabétisme.
Quel est le budget annuel de votre direction, et l’apport des ONG pour lutter contre l’analphabétisme ?

En 2012, le budget de la DLCA était de l’ordre de 200 millions de dirhams, soit près de 0,3% du budget de l’éducation au Maroc ; nous sommes très loin des recommandations internationales de réserver un budget équivalent à au moins 3% du budget de l’éducation à l’alphabétisation. Pour ce qui est de l’apport des ONG, elles jouent un rôle important dans la réalisation des objectifs gouvernementaux en la matière, en raison notamment de la flexibilité de leur mode d’action et de leur proximité des populations concernées. Le programme des associations contribue à hauteur de 50% du nombre total des bénéficiaires, soit plus de 380 000 bénéficiaires au titre de 2011/2012.

Encore 20,4% d’analphabètes jeunes, comment avec ce taux pourra-t-on atteindre les OMD signés par le Maroc à l’horizon 2015 qui prévoient une généralisation de l’éducation dans le primaire et pour les jeunes de 15-24 ans ?

Au vu des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et en analysant la centaine de stratégies mises en place pour les atteindre, on s’aperçoit qu’aucune référence directe n’est faite à l’alphabétisation et à l’éducation des adultes. La seule mention faite de l’éducation concerne le «primaire». Toutefois, le pouvoir de l’éducation des adultes dans la transformation des individus et des sociétés a été démontré par plusieurs études et analyses.
Comme signalé auparavant, grâce aux efforts de l’Etat en matière d’alphabétisation, le taux d’analphabétisme au Maroc a connu une baisse significative. Et la consolidation de la dynamique actuelle autour de la question de l’alphabétisation permettra sans doute de contribuer à atteindre les OMD. En effet, le programme gouvernemental actuel prévoit l’accélération du rythme des réalisations pour cibler un million de bénéficiaires par an et amener le taux d’analphabétisme à 20% en 2016.
Pour ce qui est des jeunes, une grande priorité sera donnée à cette catégorie. Justement, une étude sur le ciblage des jeunes a été réalisée avec l’appui de l’Union européenne et dont l’objectif général est d’identifier les besoins des jeunes analphabètes de 15 à 24 ans et de 25 à 35 ans et de répondre, à travers les résultats et les recommandations de l’étude, de manière plus spécifique à leurs attentes en termes de programmes d’alphabétisation et d’insertion sociale et professionnelle.